Ils m’avaient prévenue. Quand tu arrives, on se fait l'ascension de l'Ol Donyo Lengaï (la Montagne des Dieux, en Maa, langue masaï): 1600 mètres de dénivelé en 5kms, départ à 23h pour être en haut à 5h30 et profiter du lever du soleil.

Je m’étais donc préparée. Avais lu tout un tas d'expériences sur internet (un peu glaçant), fais des squats et des montées d'escalier. En avais aussi parlé à tous les gens que je rencontrais : si je ne revenais pas, ils comprendraient pourquoi au moins.

J’étais prête. Prête à escalader cette montagne immense. Prête à ne pas me débiner et prouver que je n'étais pas une américaine ("les français et les allemands, ils grimpent jusqu'au bout. Les américains par contre, la moitié ne finit pas!"). Prête à avoir des courbatures pendant plusieurs jours.

Mais toute cette anticipation ne m'avait pas préparée à voir notre guide masaï s'agiter dans tous les sens, faire des allers-retours à quelques dizaines de mètres du sommet pour finalement venir nous annoncer que la voie a été coupée et qu'il va falloir passer par un nouveau chemin que personne n'a jamais emprunté... Alors là... Panique à bord!!

- Mais enfin, on va quand même pas faire ça pour de vrai! Il vient de nous dire que la faille s'était écartée, qu'il n'y a plus de chemin, mais on va y aller quand même? Mais je ne veux pas mourir!! Vous êtes fous...

Mais là si près du but, est-ce que je peux vraiment abandonner? Alors au diable la panique!

Et mêmes les courbatures pendant les 4 jours qui suivent, même le moment de peur absolue quand un espagnol qui fait l'ascension en même temps perd l'équilibre quelques mètres au dessus en faisant rouler des pierres sur nous, mêmes les jambes qui bougent toutes seules à la fin de la descente, à bout de force, valent le coup quand on se tient sur la crête devant les cheminées endormies de ce volcan des dieux.