Journée pluvieuse et ventée dans la plaine entre Lucca et Pisa. Le paysage est gris, la route est mauvaise, il y a beaucoup de trafic. Nous essayons de suivre un itinéraire vélo mal fléché qui nous fait tourner en rond. L’humeur est morose, et avec la faim qui arrive les choses ne sont pas en voie de s’arranger.

Nous sommes attendus à Pise et Faustine souhaite rouler fort pour être à l’heure. Robin, lui, préférerait prévenir du retard à venir mais se garde bien d’en discuter avec sa partenaire, préférant ruminer à l’arrière du peloton.

Faustine a l’œil noir des mauvais jours et ses regards lancent des éclairs. L’obstination de Robin à rester derrière et traîner la patte n’aide en rien. Elle roule fort face au vent, espérant secrètement user et distancer son compagnon - tout en sachant bien que ses chances de réussite sont minces. Robin, fermement cramponné à sa mauvaise foi et à la roue de sa devancière, fait mine de ne rien remarquer. Les lignes droites sont interminables et nous sommes secoués par les bourrasques. C’est alors que Faustine, dans son plus pur style de rouleuse, place une foudroyante attaque, aussi terrible qu’inattendue. Robin, pris de court et dépassé par l’intensité de l’accélération reste collé au bitume et condamné à poursuivre l’étape seul.


Heureusement la hache de guerre sera très vite enterrée au prochain casse croûte ! Et de casse croûte nous n’allons pas manquer puisqu’invités chez le cousin sicilien de Faustine. L’on commence doucement à 15h avec bière-chips-biscottes, pour monter en régime en deuxième partie d’après midi autour bruschettas, prosciuto, olives et fromage arrosés du vino della casa, pour arriver en soirée sur une entrée de saucisse crue à tartiner, suivie d’un plat de tripes en sauce. Inutile de préciser que tout est délicieux et que nous nous en donnons à cœur joie. Mais alors que nous nous attaquons aux cantucci trempés dans le vino santo, Robin - l’estomac pourtant solidement accroché d’ordinaire - doit battre en retraite. Tête qui tourne et cœur qui se soulève, il doit quitter la table pour aller s’étendre quelques temps. Il va falloir s’entraîner pour la Sicile...

Ce petit instant de faiblesse est vite passé et nous profitons ensuite pleinement de ces moments en famille. Des sorties sous la pluie, de la bonne bouffe et de la glandouille sur le canap : On repart ressourcés et prêts pour les collines de Toscane!