Mis à part les étapes dans les plaines arides, relativement peu nombreuses, nous traversons des zones peuplées où il est impossible de mettre la tente sans être repérés. Nous dormons dans de petits hôtels pour quelques euros, ou demandons à planter la tente chez des gens - suivant l’énergie qu’il nous reste. C’est cette seconde option que nous prenons la veille de notre arrivée à Arusha, dans un petit hameau protégé, comme toutes les habitations Maasai, par une dense bordée de branches d’acacias coupées, aux épines longues comme le doigt.

C’est la grand mère qui mène la danse ici. Mama Sofia - désignée ainsi, comme de tradition, par le nom de son premier enfant - nous trouve une pièce où mettre nos matelas et nous prépare à manger. Ne parlant pas anglais elle nous mime sa vie, un vrai spectacle. 

Les enfants sont toujours très intrigués en nous voyant. Notre teint pâle, nos cheveux plats, ils nous observent avec fascination et crainte. Pour rigoler un bon coup, Mama Sofia qui tient dans ses bras son petit fils de 2 où 3 ans, le tend à Robin. Le petit n’a jamais dû vivre quelque chose d’aussi terrifiant - il hurle comme si on allait l’égorger, se débat de toutes ses forces. Mama Sofia, riant aux larmes, le récupère et le berce sur sa large poitrine, lui mettant une couverture pour lui cacher la vue du monstre. Il mettra plusieurs minutes à calmer son angoisse!

Le lendemain matin, nous prenons le thé avant la route. Nous montrant le petit au loin, Mama Sofia se lève et nous rejoue la scène, secouée d’un grand rire.