Il n’y a pas de covid en Tanzanie, il n’y en a jamais eu. Ni couvre feu ni confinement. Dès le démarrage de la pandémie, le président a appelé tout le monde à aller à l’église ou à la mosquée et prier son dieu. Et dans le doute, pour le cas où ce ne serait pas suffisant, se laver les mains et appliquer quelques remèdes traditionnels à base d’eucalyptus, gingembre et autres plantes sauvages. Croyez le ou non : ça a marché.

Il ne faut pas de test négatif pour entrer dans le pays et nous arrivons donc à la frontière la fleur au fusil. Sauf qu’au premier guichet, on nous demande notre test covid.

On nous amène dans un bureau. Une jeune douanière assise dans un coin sombre s’adresse à nous sans nous regarder, avec dédain et une antipathie manifeste. On se croirait dans un mauvais film, avec des acteurs qui sur-jouent. « A la frontière terrestre il faut un test, vous êtes les premières personnes à venir sans test, je n’arrive pas à y croire. Vous vous prenez pour qui? Je ne sais pas ce qu’on peut faire de vous ». De l’autre côté du bureau au guichet nous voyons une personne qui semble pourtant dans le même cas que nous. Probablement Tanzanien ou Kenyan il semble également beaucoup mieux manœuvrer puisqu’après une longue discussion en kiswahili il obtient le tampon.

On nous lit le texte officiel du gouvernement Tanzanien qui est suffisamment peu clair pour pouvoir être interprété à toutes les sauces. « La seule solution est de retourner à Nairobi vous faire tester, on ne peut rien pour vous ici. » On sent pourtant bien que l’on est en train de jouer un jeu, mais peu habitués on ne fait pas vraiment les fiers (et si on était vraiment coincés?). Dans un élan de grande mansuétude, après palabres et maintes excuses de notre part, la petite cheftaine nous propose d’aller voir le responsable du service dans son bureau. Celui-ci est beaucoup plus agréable et très doux. Il nous parle de notre voyage, de la pluie et du beau temps. Puis « pour votre problème j’ai peut-être une solution », à voix basse « ce sera 100$ chacun ». On discute et le tarif tombe à 25$. « Chhuuuut ça reste entre nous personne ne doit savoir, on ne fait jamais ça d’habitude »

Nous repassons au guichet avec le tampon. La petite chef, avec un air exagérément outré « vous avez pu passer ? Alors là vraiment, je ne comprend pas ». Faustine, joueuse, lui lance « tu es une sacrée actrice toi, hein? » Robin, pas du tout détendu, serre les fesses de plus belle. La jeune femme « non, vraiment, je ne comprends pas » avec un sourire au coin des lèvres.